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Quels sont les enjeux actuels de l’industrie de la mode ?

L’industrie de la mode et du luxe fait partie du rayonnement français à l’international : au-delà d’être un succès culturel, c’est un succès industriel et économique incontestable. Entre 2018 et 2019, la filière  du luxe représentait une augmentation de 9% des exportations françaises, soit un montant de 55,9 milliards d’euros. C’est l’un des secteurs avec un excédent commercial des plus importants, de 27 milliards de dollars, secteur le plus prolifique derrière l’aéronautique. Elle représente à elle-même 1,7% du PIB français, ce qui place la mode à la même place que les industries agroalimentaires, et loin devant des secteurs emblématiques comme l’automobile. Au niveau de l’emploi, la mode représente 577 319 emplois dans ses différentes filières : c’est un milieu en pleine expansion et mutation, essentiel à notre économie.

Cité de la mode et du design. © Cecilia Garroni Parisi

L’industrie du textile, “mouton-noir” du luxe ?

Néanmoins, ces performances sont à prendre en demi-mesure : la moitié des exportations correspond à la maroquinerie et à la bijouterie, quand l’autre moitié à la cosmétique, au parfum et aux boissons. Les résultats économiques du textile et de l’habillement restent plus contrastés : le déficit commercial s’élève à 15% du total du déficit français, voire 35% du déficit hors énergie ! Comment expliquer ce décalage, alors que les maisons de luxe semblent adopter un modèle économique basé sur la vente de prêt-à-porter ? Délocalisation de  la production, opacité de la chaîne d’approvisionnement, disparition des savoir-faire, préoccupations environnementales : les raisons sont nombreuses pour expliquer ce désamour envers l’industrie du textile français.

Le luxe encourage l’industrie textile durable

Le besoin de circularité au sein des marques de luxe est donc plus que prégnant à l’heure actuelle : plusieurs pistes sont déjà explorées par les maisons de prêt-à-porter. Avec une France première productrice de chanvre et de lin et assumant respectivement 50 et 70% de la production mondiale, l’émergence d’un prêt-à-porter plus éthique et responsable est possible.

Mais favoriser la production de matières produites “made in France” n’est pas la seule possibilité : améliorer la traçabilité et la transparence de la production, mettre au monde des études d’impact environnementales précises et qualitatives, utiliser la recherche pour innover dans le domaine du textile, sont autant  d’outils essentiels pour allonger la durée de vie de nos vêtements.

Les marques et conglomérats du luxe semblent néanmoins considérer une mode éthique et responsable comme nécessaire pour l’avenir de la mode : en 2019, une trentaine d’entreprises représentant 150 marques de haute couture et de prêt-à-porter, menée par François-Henri Pinault, PDG de Kering, signent un pacte d’engagement.

Stella McCartney durant son défilé, 2020. ©Alain Gil-Gonzalez/ABACAPRESS.COM

Si ces actions de grande envergure sont essentielles à la reconnaissance à plus grande échelle de la nécessité d’une mode circulaire, les créateurs n’ont heureusement pas attendu cette impulsion pour changer leur mode de production : par exemple, la styliste anglaise Stella McCartney a depuis plusieurs années banni toutes les matières animales de ses créations, les remplaçant par d’autres matériaux synthétiques.

Une industrie de la mode 4.0 ? 

La création de nouveaux matériaux synthétiques représente d’ailleurs une innovation possible pour penser une industrie de la mode 4.0, basée sur une certaine circularité. Mais ce n’est pas la seule option viable ! Robotisation, intelligence artificielle, fabrication additive, réalité augmentée, etc. les possibilités innovantes sont partout. 

En partenariat avec la recherche et des écoles d’ingénieurs, les projets visant à améliorer l’impact environnemental de l’industrie connaissent des percées nombreuses : par exemple, des chercheurs de l’Université de Lyon ont participé à la création de cuir augmenté, afin de permettre la fabrication d’un cuir possédant des caractéristiques améliorées tout en conservant son aspect et sa texture naturelle. Le Centre des Matériaux des Mines d’Alès a quant à lui développé un procédé original de fabrication de mousses biosourcées à base de biopolymères d’origine marine, créant des matériaux résistants, de faible densité, et éco responsables.

Créations haute-couture de Iris van Herpen avec technologie d’impression 3D, 2020.

L’enjeu est donc double : responsabilité la production textile, mais aussi la moderniser pour  diminuer les coûts de production. Ces projets s’inscrivent donc parfaitement dans le concept d’une mode et d’une économie responsable et circulaire.

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